les nouveaux talents de l'escrime : Partie 3 - ENZO LEFORT

2014 est clairement l'année de l'explosion pour Enzo Lefort notre jeune fleurettiste de 23 ans, récent médaillé de bronze aux championnats du monde d'escrime de Kazan. Le natif de Cayenne, tout comme Ulrich Robeiri le champion du monde de l'épée, a gravi cette année, un à un, les échelons menant à la deuxième place mondiale, derrière le chinois Ma.

Enzo sur le podium, en compagnie du russe Cheremisinov (champion du monde), du chinois Ma (N°1 mondial et vice champion du monde) et du jeune Safin qui partage le bronze avec lui.

Déjà fort chez les jeunes, à 17 ans, Enzo termine 6ème des championnats du monde junior. Avec ses coéquipiers de l'équipe de France, il sera également deux fois sur la caisse mondiale en 2010 puis en 2011.

L'année des jeux olympiques de Londres marque le réel passage chez les "grands". Enzo Lefort signe ces premiers top 10 en coupe du monde puis est sélectionné pour les championnats d'Europe de Legnano. Il Y devient vice champion d'Europe par équipes avec Brice Guyart, le champion olympique d'Athènes, Erwann Lepéchoux et Victor Sintès. Dans la foulée il participe à ses premiers JO à 21 ans ! Le coquin de sort lui propose un défi trop ardu en l'opposant à Lepéchoux son expérimenté coéquipier.

En 2013, Enzo dont le second prénom est Boris fait preuve de qualités toutes slaves. Il poursuit ainsi rigoureusement ses études de kiné tout en écumant les tournois au quatre coins du monde pour parfaire son apprentissage chez les seniors. Si Enzo ne progresse pas au ranking mondial, il est cependant récompensé de ses efforts à Budapest où il remporte sa première breloque mondiale chez les séniors avec ses équipiers.

Ce sérieux, cette constance dans les efforts, peuvent maintenant se voir récompensés. Boris le travailleur studieux peut laisser place à Enzo le talentueux, l'athlète au physique avantageux (1m90 pour 75kg) et au jeu fantasque. Dès la première coupe du monde de l'année, le challenge international de Paris, et en présence de tous les meilleurs, Enzo surprend tout son monde. Libéré, n'ayant rien à perdre, il produit sa meilleure escrime et élimine tour à tour le russe Akhmatkhuzin (3ème mondial), Chen le chinois, Meinhard (N°2) puis terrasse en finale, Andréa Cassara, la légende du fleuret (15-9). Arrivé sans pression, Enzo se révèle peut être aussi un peu à lui même, "J’ai pris les matchs les uns après les autres, je n’ai pas réalisé que j’étais en finale. Je me suis juste dit que j’allais affronter Cassara et cet escrimeur c’est une machine de guerre. Je n’avais jamais gagné contre lui, je l’ai rencontré plusieurs fois par équipe, donc j’ai pensé que cette journée n’aurait pas une issue exceptionnelle et puis finalement j’ai tout donné, je me suis relâché, je n’avais rien à perdre" Sur sa lancée, il pousse dans ses retranchements, Baldini, triple champion du monde,  en finale du grand prix de St Pétersbourg puis, ne s'incline que contre Ma en finale du GP de Venise. S'en suivra une série de très bon résultats jusqu'au championnat d'Europe de Strasbourg en juin.

Subissant peut-être la pression du besoin de résultats de l'équipe de France en grand championnat, Enzo se ramasse.Il est défait dès les 16èmes à la 15ème touche par un danois totalement méconnu. Mais le garçon a de la ressource. Décomplexé, il porte l'équipe de France lors de la demi-finale par équipes contre la russie. Au cours de celle-ci, il explose Rigin, Ganeev, et l'emporte même 5 touches à 3 contre Cheremisinov, le futur champion du monde. La finale contre l'Italie sera une formalité pour l'équipe de France qui comptera plus de 10 points d'avance durant cette finale. La France est championne d'Europe et peut embarquer confiante et sereine pour Kazan.

Suite à sa prestation en individuelle à Strasbourg, l'obligation de résultat est moins pesante sur les épaules d'Enzo en arrivant à Kazan. Une fois de plus, libéré, offensif, le fauve se déchaine et dévore tous ceux qui se présente sur son passage. Balayés, Lukashevich et Franz, éparpillés, Rigin et James-Andrew Davis le tout récent champion d'Europe (15-6) ! Il faudra un Cherimisinov chirugical pour endormir la bête en demi-finale(9-15).Tout au long de la compétition, Enzo aura produit une escrime offensive et inventive. Il aura également dégagé un sentiment mixte de puissance et de souplesse, le sentiment d'être athlétiquement nettement au-dessus des autres, que rien ne pouvait l'atteindre.

Soyez en sûrs, Enzo n'est déjà plus ce jeune fleurettiste français prometteur mais bel et bien l'une des nouvelles pépites de l'escrime mondiale.

Dans deux ans à Rio, à proximité de ses racines, Enzo Boris LEFORT pourrait bien devenir Enzo LEMEILLEUR, le digne successeur des d'Oriola (Helsinki 52, Melbourne 56)), Omnès (Barcelone 92) et Guyart (Athènes 2004).